Des parents souvent coupables

Un jour, lors des premiers diagnostics de Fils une travailleuse sociale m’a fait une affirmation pleine de réalisme : « Les troubles de santé mentaux ne sont pas sexy ». Au départ, cette affirmation m’avait fait sourire, car c’est une affirmation qui a du punch et qui selon moi, illustrait bien le fait que la santé mentale est le parent pauvre du système de santé.

Ce n’est qu’avec le temps que je me suis rendu compte de toute la véracité de cette affirmation, car non seulement être le parent d’un enfant qui cumule les troubles de santé mentaux n’est pas une sinécure, mais en plus nous devons constamment prouver que nous ne sommes pas COUPABLES des mauvais comportements, des étourderies et des bizarreries de nos enfants. Nous devons le prouver auprès de tous les quidams que nous croisons, du système scolaire, de notre famille, des divers intervenants qui gravitent autour de nos enfants, et ce, même si notre marmaille a un ou des diagnostics précis. Je me demande parfois pourquoi on nous demande de rendre nos enfants parfaitement adaptés socialement alors qu’ils ont des handicaps peut-être invisibles, mais tout de même fort invalidants… Demande-t-on à un parent d’enfant atteint de paralysie cérébrale de lui apprendre à danser le fox-trot? Lui reproche-t-on les limitations physiques de son enfant? Le culpabilise-t-on d’avoir un enfant ne pouvant se déplacer de façon autonome? Croyez-moi, je n’enlève rien aux parents qui ont des enfants avec des handicaps moteurs. Je loue leur courage et leur assiduité dans les multiples rendez-vous de leur enfant. Mon propos veut simplement démontrer que la santé mentale est encore bien taboue et bien incomprise dans notre société.

Être parent d’un enfant ayant une problématique en santé mentale, c’est aussi être coupable d’être parfois fatigué, parfois défaitiste, parfois exaspéré, parfois découragé. En effet, on nous demande souvent d’être inébranlables et irréprochables dans nos interventions pour ne pas créer plus d’anxiété chez nos enfants. Notre entourage ne comprend pas toujours la lourdeur du quotidien, car un enfant ayant une problématique en santé mentale peut, tout de même, être charmant, vif, intelligent, serviable… lorsqu’il est en visite (tout comme à la maison). Toutefois, cela ne témoigne pas de la gestion de crise au quotidien, de la course aux services, des rendez-vous multiples, des troubles de comportement à gérer, des appels de l’école, des moyens à mettre en place à la maison… Sommes-nous coupables de vouloir partager notre désarroi, notre peine, de céder aux doutes et au découragement pour mieux nous relever les manches et avancer?

Bref, je crois qu’il y a encore beaucoup de travail à faire afin que la moyenne des ours en vienne à percevoir les problèmes de santé mentale avec la même acuité et la même empathie que les problèmes et les maladies d’ordre physique. Je crois que chaque témoignage, réflexion et partage aideront en ce sens.

Depuis, la semaine dernière des publications inspirantes pleuvent dans mes réseaux sociaux sur les troubles de santé mentaux…

Je me permets donc de vous en partager quelques-uns afin de contribuer, un tant soit peu, à une conscientisation collective sur la santé mentale.

À quoi ressemble la santé mentale par Mamanbooh!

L’amour n’est pas tout par Maman Tupperware

Deux articles très pertinents de Patrick Lagacé  :

Quand l’amour ne suffit pas et

Oui, le baril a (parfois) un fond

8 Comments Des parents souvent coupables

  1. Annie Goudreau

    Quelle petite merveille de texte… que je partage de ce pas avec bonheur!! Merci………. pour nous tous……

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  2. Sorel

    Oui, on essaie de le dire avec nos mots, nos gestes et, sans cesse, nous recommençons pour trouver un petit créneau de bonheur, de joie, de respiration pour nos enfants. Et parfois pour nous , c’est très juste !
    Et, qui plus est, dans les sphères soi-disant spécialisées, donc à même de comprendre un peu plus…nous sommes en face de la « rentabilité exigée » qui écarte la pathologie… Vécu !

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  3. ROUSSEY Annick

    Merci pour ce très beau texte…j’ai mon aînée qui est « retard intellectuel »..je préfère ce terme, avec un certain autisme bien amélioré et le Syndrome Gilles de la Tourette,classée à tort dans les troubles mentaux mais est neurologique ,bien que plusieurs troubles associés soient psy évidemment)quant à la cadette elle a elle aussi la maladie des tics …..
    Regards des autres, …culpabilité évidemment, du moins au début,,errance médicale (les miennes sont grandes 27 et 31 ans), pas connue comme maladie…etc…..Maintenant, je fais partie intégrante depuis 97 d’une association, l’AFSGT……et j’aide avec le principal conseil « NE CULPABILISEZ PAS »

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